Définition Les tics L’origine exacte de ce mot est pour l’instant
incertaine. Il pourrait venir de l’Allemand ticken signifiant toucher
légèrement. Le tic est un mouvement convulsif, fait la plupart du temps
sans intention. Cette habitude correspond à des contractions des
muscles de n’importe quelle partie du corps, reproduisant le plus
souvent des gestes réflexes ou des automatismes de la vie ordinaire (G.
Guimon). Autrement dit, ces gestes brusques, rapides et stéréotypés
(qui se répètent) reproduisent des début de geste, mais qui ne se
terminent jamais. Comme si le patient atteint de tic n’osait aller au
bout de ses desseins. Il semble que les tics "démarrent" à l’occasion
d’une contrariété, d’un stress, d’une frustration. L’existence de ce
que l’on pourrait appeler une épine irritative, comparable à une
gâchette (port de lunette chez un enfant, dents blessée, etc) paraît
pouvoir constituer un motif à la genèse des tics (chez l’enfant comme
chez l’adulte). Les mêmes gestes se répètent identiques à eux-mêmes,
inlassablement, parfois une vie entière. Ils sont vifs, brusques (moins
d’une seconde le plus souvent). Leur nombre par minute est variable
suivant les individus, il est fonction du degré de gravité de
l’affection (de 1 à 100).
Causes Fréquents chez l’enfant, les tics atteignent environ 2 à 6 % d’entre
eux avant l’âge de 12 ans. Il n’existe pas pour l’instant d’explication
génétique à la survenue des tics. Certains chercheurs ont avancé un
dérèglement des neuromédiateurs de type dopaminergique, maissans aucune
preuve. Ils n’ont aucun rapport avec les autres manifestations
neurologiques, comme lors de la choréepar exemple : les mouvements
choréiques sont involontaires, ils peuvent affecter toutes les parties
du corps, et agitent constamment le patient, sauf pendant le sommeil.
Le malade tire langue, la parole apparaît comme hésitante puis
explosive. Ces mouvements sont irréguliers et variables, et leur
caractéristique majeure est leur permanence. Ils peuvent être simples
ou complexes, rappelant parfois la complexité de certains mouvements
volontaires. Cela n’empêche pas le malade d’avoir des mouvements
volontaires normaux, car cette maladie ne s’accompagne pas de
paralysie. Néanmoins, les tentatives sont parfois trop rapides,
interrompues et déformées par les mouvements choréiques. Pour
différencier un mouvement choréique d’un tic, il suffit de demander au
patient d’effectuer un geste habituel, comme se déshabiller, pour
s’apercevoir que le tiqueur peut le faire sans problème, alors que le
choréique non. Il n’est pas de notre propos de passer en revue
l’ensemble des mouvements anormaux d’origine neurologique.
Les tics apparaissent aux environs de l’âge de six à sept
ans, parfois plus tôt, et ne sont pas liés à une quelconque lésion
neurologique (atteinte du système nerveux). On les observe souvent chez
des enfants par ailleurs en bonne santé, avec une scolarité normale,
mais présentant un profil anxieux. Ils appartiennent le plus
fréquemment à des familles des tiqueurs, dont l’atmosphère familiale
est généralement tendue, avec une mère semble-t-il plus anxieuse et
plus perfectionniste que les autres. Certains tics sont susceptibles
d’être à l’origine de lésions. Ainsi, celui qui consiste à se lécher la
lèvre supérieure entraîne à la longue des érosions cutanées et des
gerçures qui ont beaucoup de mal à cicatriser, et qui d’autre part sont
particulièrement dévalorisantes pour l’enfant sur le plan esthétique.
La thérapeutique (voir ci-après) doit tenir compte de cet état de fait.
En effet, il est impossible d’espérer obtenir des résultats
thérapeutiques chez un enfant, si celui-ci est continuellement plongé
dans une ambiance délétère qui ne peut qu’aggraver ses tics. Pour cette
raison, il semble nécessaire de premier temps d’intervenir au niveau
familial en demandant quelques efforts aux parents, dans la mesure où
le niveau socioculturel de la famille le permet. Les réprimandes et
autres manifestations de type autoritaires n’apportent aucune
amélioration et entraîneraient plutôt une aggravation des tics. Bien au
contraire, les parents et les thérapeutes doivent se munir de patience,
de façon à permettre l’enfant d’acquérir une confiance en lui. Le plus
souvent ces enfants semblent avoir un Q I légèrement supérieur à la
normale, qui ne peut que faciliter la procédure thérapeutique. Celle-ci
doit doit comporter une explication patiente et élaborée du " pourquoi
les tics".
Symptômes Les tics les plus fréquents sont au niveau de la face :
- Grimaces
- Clignement des yeux
- Fermeture forcée des paupières
- Ouverture brutale de la bouche
- Retroussement de la lèvre supérieure
- Morsure des coins de la bouche
- Léchage des lèvres
Ils peuvent néanmoins toucher d’autres parties du corps :
- Elévation d’une épaule ou des deux épaules à la fois
- Ecartement du coude du tronc
- Mouvements de dénégation de la tête
- Hochement d’acquiescement
- Petit saut de cabri
- Ecartement des jambes
Ils peuvent également consister en " bruits " divers :
- Reniflements
- Toux
- Eructation
- Râclements de gorge
Le labo Toutes les analyses sont normales
Les radiographies de les examens paracliniques (scanner, IRM etc.) du système nerveux sont normaux.
L’électroencéphalogramme n’apporte rien.
Evolution Si la majeure partie des tics survenant chez les enfants disparaissent
au fil des années et plus particulièrement vers l’âge de 15 à 20 ans,
il n’en est pas de même en ce qui concerne le syndrome de Gilles de La
Tourette (voir ci-après). En ce qui concerne les tics considérées comme
courants, la majorité d’entre eux disparaissent en quelques mois, au
maximum en quelques années. Néanmoins, certains adultes (un tout petit
nombre) continuent à avoir des tics par la suite. Contrairement à ce
qu’il est possible de lire dans la littérature médicale, l’entourage ne
s’’habitue pas toujours aux tics des proches. Depuis quelques années,
la thérapie comportementale et cognitive permet d’obtenir de très bons
résultats sur les personnes rencontrant un véritable handicap à cause
de leurs tics.
Traitement Ainsi que nous l’avons précisé précédemment, la thérapeutique employée
" contre " les tics ne fait pas appel à une quelconque autorité, mais à
une technique dite comportementale et cognitive qui consiste à faire
participer le patient (quand celui-ci le demande) à sa propre
thérapeutique. Derrière le mot pompeux de thérapie comportementale se
cache simplement la prise de bonnes résolutions avec essentiellement
une prise de confiance en soi, puis de bonnes habitudes. En effet, les
tics étant des gestes le plus souvent inconscients (de la même façon
que l’on appuie sur la pédale d’embrayage d’une voiture pour changer de
vitesse sans s’en rendre compte), il faut essayer de faire prendre
conscience au tiqueur de l’inutilité de ses gestes. Toute la difficulté
de ce type de thérapie réside dans l’approche de l’individu à qui il ne
faut pas rajouter un stress supplémentaire. La méthode du miroir,
devenue maintenant classique, consiste à demander à l’enfant de se
mettre tous les jours devant une glace pendant un temps très court
qu’il augmentera de lui-même chaque jour pour apprendre à se contrôler.
2) Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) Cette
affection neurologique est relativement rare et se caractérise par
l’existence de tics accompagnés ou pas de coprolalie (émission de mots
orduriers), d’écholalie (répétition de mots ou de phrases entendues).
Pour certains, la maladie des tics est le synonyme de ce syndrome, la
maladie de Gilles de La Tourette et les tics courant seraient les deux
extrêmes de cette affection d’origine génétique. Pourtant, les tics
courants sont relativement fréquents. Il semble qu’il faille les
différencier du syndrome de Gilles de la Tourette qui représente une
forme plus complexe et élaborée de la maladie des tics comportant
presque toujours une évolution vers la chronicité. Ce qui signifie que
les malades atteints par le syndrome de Gilles de La Tourette ont peu
de chances de voir leurs symptômes régresser, contrairement à ceux
atteints par des tics courants. Le syndrome de Gilles de la Tourette
débute entre 2 et 15 ans, en moyenne autour de 7 ans, c’est-à-dire plus
tard que les tics courants. La maladie débute par des tics simples de
la face, du cou, des membres puis, après un certain temps, surgissent
des tics complexes qui viennent s’associer aux précédents. Les tics du
syndrome Gilles de la Tourette ne sont pas comparables aux tics
courants. En effet, il s’agit de tics plus agressifs. La
caractéristique majeure de ce syndrome est la survenue au bout d’un an,
des tics vocaux à type de coprolalie, d’écholalie, de grognements, de
raclements de gorge importants (ressemblant à des cris d’animaux :
miaulement, aboiements, etc.). La coprolalie, qui consiste en
l’émission de mots orduriers, existe dans environ 30 % des cas. La
palilalie, qui consiste à répéter involontairement les mots, vient
parfois se rajouter aux autres signes. Certaines compulsions peuvent
apparaître également. Le diagnostic du syndrome de Gilles de la
Tourette, pour être posé, doit répondre aux critères suivants :
- Début entre 2 et 15 ans
- Présence de mouvements répétitifs rapides sans aucun but, nécessitant l’intervention de nombreux muscles de l’organisme
- Tic vocaux (cris, etc...)
- Durée ses symptômes supérieure à une année
Evolution Classiquement, la maladie de Gilles de la Tourette évolue par épisodes
comportant des rémissions et des agravations. Chez l’enfant, cette
variabilité est plus importante que chez l’adulte Il y a parfois des
rémissions pouvant durer 1 an, voire plusieurs années. Parfois, le
syndrome de Gilles de La Tourette est accompagné de compulsions,
d’hyperactivité, d’obsessions, pouvant aller jusqu’à l’automutilation.
Traitement L’utilisation de certains types de neuroleptiques (pinozide
halopéridol) est parfois conseillée par certains thérapeutes. Leur
maniement étant délicat, il est parfois nécessaire de suspendre
l’utilisation de ces molécules. Certains médecins ont avancé l’effet
favorable du Prozac et du clonazépam. En cas d’hyperactivité, il est
parfois conseillé d’utiliser le méthylphénydate. Malheureusement, ce
produit accentue les tics dans certains cas. La clonidine est parfois
préférée par d’autres, en association avec méthylphénydate.