procèes colonna le témoin qui n'a pas vue colonna ce soir la!

Après avoir, pour l'instant, refermé la page du témoignage retentissant de Didier Vinolas, la cour d'assises spéciale de Paris jugeant en appel Yvan Colonna a entendu mercredi un témoin "marqué au fer rouge" par la scène de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998. Témoin selon qui l'accusé n'est pas le tueur.

Une avalanche de défections de témoins a retardé la reprise normale des débats après un supplément d'information qui n'a pas étayé l'implication de deux éventuels nouveaux suspects cités par Didier Vinolas. "Impossibilité de venir" pour raisons médicales, professionnelles ou par "manque d'argent", "épreuve insurmontable": pas moins de six personnes se sont fait porter pâle. Des expertises ont été ordonnées pour vérifier l'état de ces témoins défaillants. Joseph Colombani, lui, est venu. Ce haut fonctionnaire territorial corse de 60 ans a même livré deux heures et demie de souvenirs très précis. "Tout ce que j'ai vu et entendu est resté gravé dans ma mémoire comme au fer rouge", a expliqué cet homme au ton posé et empreint d'émotion.

A 20, 25 mètres de la scène du crime

Ce 6 février 1998 peu avant 21h, il attend Claude Erignac à l'entrée du théâtre Kallisté d'Ajaccio où le préfet doit assister à un concert de musique classique. Appelé à témoigner pour la troisième fois aux assises dans cette affaire, après le premier procès Colonna et celui du commando en 2003, M. Colombani a décrit un crime observé à une distance de "20 à 25 mètres". Il a entendu cinq détonations. A vu deux assaillants et une victime se dirigeant vers le théâtre tomber au troisième tir et être achevée à terre par deux dernières balles. "Je n'ai pas reconnu Claude Erignac." Joseph Colombani n'apprendra l'identité de la victime qu'une demi-heure plus tard.

"Tout cela s'est passé en moins d'une minute" mais le témoin a détaillé l'éclairage de la rue où il a pris la peine de revenir à la même heure le 6 février dernier pour constater qu'"on y voit assez bien". Il a mimé devant la cour la gestuelle du préfet "se courbant vers le bas, le tronc formant un angle droit". Il a restitué avec minutie le "guet-apens" dressé par les deux agresseurs, "d'une froideur totale" et d'une taille "normale". Le premier était vêtu "d'une parka jaunâtre" et arborait "des cheveux foncés, plats et mi-longs encadrant un visage émacié". Le second portait "un couvre-chef bleu marine" sur "un visage assez plein" et une taille "massive". Un peu gêné, le témoin confie que "cet homme m'a fait penser à un Basque, une espèce d'homme des montagnes".

Pas de "déclic" en voyant Colonna

Yvan Colonna était-il l'un d'eux ? L'image de l'accusé n'a pas déclenché de "déclic" dans la mémoire du témoin. "Lorsque j'ai vu Yvan Colonna, je n'ai pas vu l'homme dont j'ai gardé le souvenir en train d'assassiner le préfet Erignac", a affirmé Joseph Colombani qui a assuré témoigner "en son âme et conscience", au point que le président Didier Wacogne le qualifie de "témoin idéal". Une remarque peu du goût de la défense qui a dit espérer "qu'elle n'était pas ironique".